Institut de Géographie  Imaginaire
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Houles
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Trésors des grottes marines bretonnes
En 2022-2023, l’IGI continuera ses importantes recherches visant à percer le mystère des houles bretonnes.

Les grottes marines bretonnes (parfois appelées localement « houles » et souvent situées dans des environnements sauvages et reculés) ont longtemps été le théâtre d’inquiétantes légendes. En effet, nous dit-on, les anciens les savaient peuplées de fées troglodytes et de leurs mystérieux compagnons, les fétauds. De là qu'ils se soient toujours gardés de les approcher et, plus encore, de s’y aventurer.

Si ce n'est qu'un beau jour, les fées et les fétauds en question sont partis. (« [...] maintenant on ne voit plus de fées ;  elles ont disparu depuis longtemps et on dit qu’elles sont toutes mortes en une nuit *. »)

À peu près au même moment (fin XIXe et début XXe), les mêmes grottes, par exemple celles du Cap Fréhel ou de Saint-Cast-le-Guildo, ont acquis une importante notoriété touristique. Toutes, des plus modestes aux plus spectaculaires, ont brusquement déplacé des foules de vacanciers, ainsi que l’attestent les cartes postales d’antan. Certaines mêmes, comme la grotte des Sirènes à Saint-Lunaire, ont été équipées et aménagées pour satisfaire au juteux marché du pittoresque.

Et puis les touristes sont partis à leur tour et les houles sont retombées dans l’oubli. Certes, quelques grottes marines sont encore massivement courues aujourd’hui, à Belle-Île (grotte de l’Apothicaire) et Crozon (grotte de l’Autel à Morgat) ; mais toutes les autres – ou presque – ont été désertées des amateurs de curieux et d’insolite. Comment expliquer un désintérêt aussi massif ? De quelle étrange désaffection les houles ont-elles été les sujettes ?

Ajoutez à cela que les grottes en question semblent avoir été habitées, jadis, par nos lointains ancêtres préhistoriques (cohabitaient-ils, alors, avec les fées et les fétauds ?) ; mais aussi que les mêmes grottes sont rapidement promises soit à effondrement, soit à ennoiement, du fait de la montée des eaux en cours, et vous avez là un sujet de premier choix pour tout Institut de Géographie Imaginaire qui se respecte.

C’est donc pour dénouer ce qui se trame dans le secret des grottes marines, et approcher les trésors qu’elles cachent, que l’IGI a lancé, depuis plusieurs années déjà, l’excellent programme de recherches « Houles ».

En s’appuyant sur les cartes d’état-major, les récits des anciens, les cartes postales anciennes et quelques articles spécialisés, et n’écoutant que leur courage, nos membres les plus actifs se sont aventurés dans les profondeurs d’un grand nombre de ces cavités, certaines immédiatement accessibles depuis la plage, d’autres atteignables seulement au prix d’une longue progression dans un mystérieux dédale de rochers mouvants. Des réponses ont commencé à s’imposer à eux, mais elles étaient aussitôt balayées par de nouvelles questions, par de nouveaux mystères.

Malgré ça, une tentative de synthèse est en cours – et les recherches continuent.

[Si vous êtes en possession d’éléments nouveaux concernant ce mystérieux destin des houles, merci de prendre contact avec l’IGI.]

* Conté par Jacquemine Nicolas, de Saint-Cast. Cf. Paul Sébillot, « La houle de Beauçais ».
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[Avril 2023]

Prolongeant leur enquête au long cours sur les trésors des grottes marines, deux de nos vaillants spéléologues se sont aventurés, il y a quelques semaines, dans les mystérieuses cavernes qui s’ouvrent au pied des falaises de la plage du Ris (ou Rys ou Ry). Car c’est là, en effet, au large de la ville de Douarnenez, que chroniqueurs et folkloristes situent la légendaire cité d’Is (ou Ys). Les grottes marines étant de formidables filets à épaves, tous les espoirs étaient donc permis à nos chercheurs d’y exhumer de précieux vestiges archéologiques.
Or ces mêmes chercheurs, après avoir bravement inspecté chacune de ces cavités, sont formels : ils n’ont rien trouvé – absolument rien. Chaque trou visité était aussi vide que celui qui le précédait – et que celui qui allait suivre. Certaines de ces grottes, certes, étaient de proportions titanesques, comme si des géants avaient vécu courbés là, dans ces profondeurs humides, leur dos raclant une voûte dégoulinante et toujours prête à s’effondrer ; d’autres, semblables à des palais d’Orient, étaient parées de couleurs inouïes, tirant parfois vers le turquoise, le rouge sang, l’orange cuivré, le vert bouteille ou le gris pâle ; d’autres encore cachaient dans leurs tréfonds d’incroyable labyrinthes de pierre à demi ensablés. Mais de la ville d’Is elle-même : rien. Pas une trace, pas un débris, pas une relique. Déçus, nos hardis explorateurs sont rentrés chez eux bredouilles, songeant décidément que la mer avait ses humeurs et qu’une prochaine tempête leur apporterait peut-être les précieux trésors qu’ils convoitent.
Quelle ne fut pas leur surprise, toutefois, de découvrir quelques jours plus tard, dans les archives locales *, que deux retraités (Geneviève T. et Jean-Claude S.) visitaient ces grottes quotidiennement, afin de les vider des ordures que les marées y accumulent. Profitant d’une si heureuse coïncidence, nos deux spéléologues se sont empressés de leur adresser la lettre suivante.

Chers confrères,
le 11 mars dernier, nous, membres de l’IGI (Institut de géographie imaginaire), visitions les grottes de la plage du Ris, près Douarnenez, afin d’y chercher de possibles vestiges de la célèbre cité d’Is. Malheureusement, nous n’y trouvâmes, ce jour-là, que des creux et du vide.  
Ayant découvert, dans les archives (Ouest-France du 21 janvier 2021 ; Le Télégramme des 24 & 28 mars 2021), que vous les visitiez quotidiennement, afin d’en extraire détritus et lagans que, d’une marée à l’autre, les eaux salées y charrient, nous souhaiterions obtenir, dans le cadre de notre programme de recherches « Houles », la liste détaillée des objets que, à ce jour, vous en avez extraits. S’il s’avérait que, pour des raisons de praticité, vous ne disposiez pas d’une telle liste (dont la mise à jour, certes, pourrait s’avérer laborieuse), auriez-vous mémoire, cependant, d’avoir repêché un jour, dans l’une ou l’autre de ces grottes, un objet, connu ou inconnu, propre à contenter la curiosité de deux chercheurs de villes imaginaires ?
Merci pour votre collaboration.
Bien à vous, etc.

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