Institut de Géographie  Imaginaire
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Descente dans le Xen
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[Note d’intention] En décembre 2024, l’IGI lançait un programme de recherches tout à fait singulier intitulé « Descente dans le Xen ». L'occasion ? L’exploration, dix ans plus tôt, des fortifications souterraines de l’île de Groix par deux explorateurs urbains en herbe et la découverte, dans le secteur du Haut-Grognon, de ce que ces derniers ont appelé par la suite une « terrifiante galerie de béton étroite et sans fin ». Mis tardivement au fait, l'IGI a fait le nécessaire pour authentifier leurs allégations et localiser la galerie en question. Dans le même temps, nous avons exhumé quelques pages d'un sulfureux forum internet consacré à la « bunker archéologie », mais également une mystérieuse étude de cas menée par deux psychothérapeutes suisses (« Un seul ou plusieurs Xen ? », par B. Togel et C.-L. Paratodakis). Alors il n'a plus fait de doute pour nous que cette « galerie de béton étroite et sans fin » était bien une entrée vers le Xen. Le Xen : ce système inférieur de souterrains reliant supposément entre eux tous les souterrains de niveau supérieur. Sur cette base, en décembre dernier, deux de nos envoyées spéciales ont mené à nouveau frais une vaste campagne d’exploration des cavités de la pointe de Pen Men, afin d’y localiser cette porte vers le dessous de tous les dessous. En l'absence de compte rendu de leur part, nous ne sommes pas en mesure de vous rapporter le détails de leurs recherches in situ – ce qui nous invite à vous faire la recommandation suivante : n'attendez jamais, en toutes choses, pour rédiger un compte rendu et l'envoyer à qui de droit. Un compte rendu devrait être écrit le soir même, à chaud, quand les images et les sensations sont encore vives et tranchantes, ou le lendemain au plus tard – et envoyé dans la foulée. Pourquoi attendre ? Pourquoi toujours attendre ? Fort heureusement, les mêmes envoyées spéciales seront à Plougasnou (29), le 13 juin prochain, dans le cadre des Rivages en feu, pour nous raconter leur échappée groisillonne de vive voix. [Rendez-vous à 18h30 au 3 rue de la Libération, à Plougasnou (hangar à côté des Galets bleus). Récit suivi, pour celles et ceux qui le souhaitent, d’un apéro-dînatoire partagé.]

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L’article fondateur de Bahar Togel et Claire-Lise Paratodakis, « Un seul ou plusieurs Xen ? », est enfin disponible à la lecture ici.

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Si les deux explorateurs urbains en herbe précédemment cités s’étaient bien évidemment dispensés de rédiger le compte rendu de leur expédition, l’un deux a néanmoins pris le temps d’écrire une nouvelle, intitulée « Trois pixels dans le noir », revenant sur cette expérience dans les entrailles de l’île de Groix (expérience légèrement romancée pour l’occasion). On y lit  cependant :

En entrant, il m’a semblé que la hauteur de plafond avait légèrement diminué, comme si l'espace cherchait à nous écraser. À droite, un autre sas donnait sur ce qui devait être l’ultime pièce du complexe ; mais contre toute attente, nous avons constaté qu'il y avait aussi une ouverture dans le mur de gauche.
Nous nous sommes lentement approchés de cette béance surnuméraire, qui brisait subitement la parfaite congruence des deux étages du bunker. Nous avons descendu les quatre marches qui se sont présentées à nous. Le plafond se rapprochait de nos têtes, nous obligeant à nous courber de plus en plus.
C’est alors que nous avons vu le couloir souterrain.
Il ne devait pas excéder deux mètres de large pour un mètre cinquante de hauteur, peut-être un peu moins. Autrement dit, un adulte de taille moyenne eût été obligé, pour l’emprunter, de se baisser ou de se pencher vers l’avant.
En revanche, nos frontales étaient incapables d’en faire surgir le fond, il se prolongeait au loin sous la terre, se perdant dans le noir absolu. Les murs étaient faits de ce même gris pulvérulent que dans les autres pièces. Je me suis surpris à penser qu’ils devaient être couverts d’amiante.
À ce moment-là, j’ai été repris par cette sensation d’étouffement. C’est comme si j’étais aspiré dans un siphon d’eau noire et visqueuse. Ce couloir était parfaitement horizontal, mais à le voir s’ouvrir devant moi, c’est comme si je m’étais retrouvé au-dessus du vide.
À aucun moment il n’a été question de nous y aventurer. D’un regard inquiet nous nous sommes dit qu’il valait mieux déguerpir de là. Elsa a quand même dégainé son appareil photo. La lumière blanche du flash s’est engouffrée dans le couloir, je l’ai presque vue courir le long des murs, crevant l’obscurité à trois-cent mille kilomètres seconde, avant de s’évanouir au loin.
Nous avons traversé les salles dans l’autre sens, en pressant le pas. Nous sommes passés sur cette planche qui semblait flotter sur les eaux, nous avons gravi les marches de l’escalier en courant, et puis nous avons retrouvé la lumière. Nous nous sommes hissés jusqu’à l’ouverture. Elsa est passée la première, et puis elle m’a tendu la main pour que je puisse m’extraire de là à mon tour.

Texte intégral disponible ici.

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